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MABLE AGBODAN, Fondatrice du Club des Métiers d’Arts et d’Artisanat du Togo

S’il y a bien une initiative à saluer dans le domaine des africains de la diaspora qui initient des projets avec succès dans leur pays d’origine, RESIDOMIA  n’hésiterait pas un seul instant à donner  LE CLUB DES METIERS d’ART et d’ARTISANAT du Togo comme exemple.

Derrière cette belle initiative, il y a Mablé AGBODAN. Cette togolaise  pleine d’énergie positive qui a l’art de vous rendre optimiste au sortir d’une rencontre avec elle dans son atelier, tellement Mablé (comme on l’appelle affectueusement) vous peint un décor qui vous parait facile.

Mais ne vous y trompez pas, cette dame qui fait la fierté de beaucoup de togolais, est une fonceuse qui croit en elle.  Ses, convictions, lui font dire que « tout est possible » et nous y croyons comme elle. RESIDOMIA Magazine est tombée sous le charme de cette leader très british.

Une Ambiance très décontractée

Entre deux voyages, dont l’un à Londres où elle vit et un l’autre au Caire pour une conférence, elle trouve le temps de vous recevoir chez elle dans son atelier à BAGUIDA, une commune à la périphérie de Lomé. Dans une ambiance décontractée et bon enfant, elle gère simultanément une séance de « brainstorming »  avec ses nombreux collaborateurs,  et la touche finale à une livraison de mobiliers fabriqués sur mesure. Mablé AGBODAN vous lance d’emblée,  « j’ai commencé il y a quelques mois sur la petite terrasse de la maison de ma sœur non loin d’ici ; et j’en suis là aujourd’hui ».  En toute simplicité, elle nous parle de son activité, de ses ambitions pour cette jeunesse africaine. L’avenir est dans les « petits métiers », nous dit-elle, car nos pays regorgent de jeunes pleins de créativité, qui ne demandent qu’a travailler.

Une passionnée et perfectionniste

Passionnée, perfectionniste et visionnaire, Mablé AGBODAN incarne la femme togolaise aux multiples talents. Spécialisée à la base dans le design de luxe, elle est basée à Londres où avec ses collaborateurs multi ethniques (Chinois, Italiens, Ghanéens, Togolais…), elle a développé ces dernières années une ligne de mobiliers de maison réalisés sur mesure et  une galerie d’objets d’arts fabriqués avec du matériel recyclé.

Un club pour répondre à une demande

A Lomé, elle a créé en 2016, le Club des Métiers d’Arts et d’Artisanat du Togo. Un club qui vise à mettre en valeur la créativité des artisans togolais et surtout, à contribuer à sa manière au développement  de ce formidable créneau, tout en rehaussant le niveau de l’artisanat togolais sur le plan qualitatif, afin de le rendre par conséquent plus attractif et compétitif. Car Selon Mablé AGBODAN, « notre problèmes en Afrique demeure généralement dans le rendu final ; alors que pour être crédible sur les marchés européens ou autres, il faut de la qualité irréprochable ». Sa longue expérience dans le secteur du sur mesure à Londres lui a permis de comprendre à quel point ces critères sont primordiaux.

Son opinion est assez tranchée sur les rigueurs nécessaires dans ce secteur. Pour Mablé, l’artisan africain est incapable de faire certaines choses pour la simple raison qu’il ne sait pas le faire et qu’il n’en a pas les moyens. La culture ne l’aide pas non plus parce qu’on lui a appris à être un exécutant et non un leader. L’artisan africain est limité, conditionné, il n’a pas les ressources pour aller plus loin et sa culture ne lui permet pas de s’exprimer. Ce qui est tout le contraire de l’Européen.

Le parcours est encore long

Pour Mablé AGBODAN, « le chemin est encore très long. L’artisanat africain a encore du chemin à faire. Dans la réalité actuelle, on est artisan quand on n’arrive pas à exceller à l’école ou quand on ne veut pas aller à l’école du tout ou quand on n’a pas d’autres alternatives. La preuve : pour l’apprentissage, il y en a qui se donnent carrément aux patrons. Une sorte de don de soi ;  C’est-à-dire qu’ils n’ont même pas de quoi payer les frais de contrat. Donc, ils font leurs années d’apprentissage et des années supplémentaires pour pouvoir  payer par leur travail, le coût du contrat. Une sorte d’échange de services. Ce dont l’artisanat africain a besoin dans un premier temps, c’est la sensibilisation ».

Cependant, il faut être optimiste, car le talent et la créativité ne manquent pas, il n’y a pas de secret : le travail dans la rigueur.

 Mablé AGBODAN rêve d’avoir une université des métiers. « Le Club des Métiers d’Arts et d’artisanat du Togo est un rêve que je nourrissais depuis et il s’est finalement réalisé. Je suis passé par de nombreuses étapes. Depuis mes débuts et tout au long de mes nombreux déplacements, j’ai nourri l’idée de la création un jour d’un institut africain des métiers créatifs (rires…). J’ai commencé sur la terrasse de ma sœur et aujourd’hui j’en suis là. La prochaine étape, si j’arrive à trouver un centre à Kara et Dapaong, est de créer un vrai centre de formation des artisans. Un lieu d’apprentissage où on va exiger un certain niveau de qualification avant d’y accéder ».

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