Un objectif auquel s’intéressent depuis longtemps les architectes des Pays-Baset de l’Allemagne, dans le cadre du programme « Living with water », mais pas encore les architectes français.
Cela devrait toutefois changer avec le concours international d’architecture de maisons adaptées aux inondations que s’apprête à lancer la ministre de l’écologie Ségolène Royal, dans le cadre du plan de stratégie nationale de gestion des risques d’inondation présenté le 10 juillet 2014.
Des maisons adaptées aux risques d’inondation
Quelques architectes et ingénieurs français pionniers ont déjà imaginé des maisons d’habitation adaptées pour résister à une inondation. « Il s’agit de véritables maisons amphibies, sur flotteurs et pilotis pouvant monter jusqu’à 4,5 m au-dessus du sol », résume Sylvain Pasquier, architecte à l’agence Gecele à Malakoff.
« L’édifice est fixé sur une plate-forme composée de caissons flottants supportant une dalle de béton sur laquelle est bâtie une maison, le tout traversé par des piliers fixés dans le sol l’empêchant de dériver, et par lesquels passent tous les tuyaux d’électricité, de gaz, d’eau et d’effluents. Posé sur des cales, le flotteur libère un espace vide de façon qu’en cas de montée de l’eau celle-ci et la boue puissent s’écouler », poursuit l’architecte.
L’ensemble a été conçu en 2011, alors que l’architecte était encore étudiant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-la Villette. Il a fait appel à un algorithme original qui, prenant en considération de nombreux facteurs tels que la parcelle, son relief, le niveau des « plus hautes eaux connu », détermine une forme 3D optimale. Chaque maison amphibie est ainsi différente.
Une maison flottante originale
Concret, ce projet a été défini pour une maison qui aurait été située à Montgeron (Essonne), au bord de l’Yerres, un affluent de la Seine. Mais il aurait très bien pu être adapté pour des maisons qui seraient construites en bordure d’un grand fleuve comme la Seine, la Loire, la Garonne, le Rhin ou le Rhône. Et a fortiori de petits fleuves ou de rivières, dès lors qu’ils ne sont pas l’objet d’une montée rapide des eaux.
« À ma connaissance, aujourd’hui, il n’existe que quelques très rares maisons de ce type en France, dont le siège social de Batiflo, société d’ingénierie basée à Pau (Pyrénées-Atlantiques) qui, justement, conçoit ce genre d’édifices »,explique Sylvain Pasquier.
Aménagé en bureaux, ce bâtiment de 320 m2 sur deux étages, auquel on accède également par une route flottante, est posé sur un plan d’eau situé au milieu d’une zone inondable. Dans les cartons des ingénieurs-architectes, des maisons allant de 72 à 380 m2 de surface habitable et même un projet de résidence universitaire.
« Le principe, c’est de construire des maisons d’habitation sur des zones classées comme inondables à risque moyen (zone bleue) par le plan de prévention du risque d’inondation (PPRI) et en accord avec le plan local d’urbanisme (PLU) », insiste Sylvain Pasquier.
Une démarche qui s’accorde avec l’impératif de densifier l’habitat en zone urbaine sans imperméabiliser davantage de surface, un des objectifs du développement durable. « Faire construire une maison amphibie coûte plus cher, mais le prix du terrain étant plus faible, le prix de revient final correspond à peu près au prix d’une maison bâtie en zone non inondable », conclut- il.
La technique du pilotis
Plus classique mais tout aussi efficace, la technique de construction sur pilotis est envisageable pour construire du neuf en zone inondable. C’est ce qu’ont réalisé récemment Frédéric Besch et Muriel Aloncle, du cabinet d’architecture Fonctions plurielles à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), sur les bords de la Marne.
La technique a consisté à bâtir une maison à ossature bois et murs de brique sur une dalle en béton, en laissant un rez-de-chaussée ouvert, quasiment vide, pour que l’eau puisse circuler. Les pièces à vivre sont donc situées à l’étage. Sur des rives de fleuves généralement meubles, le bois présente l’avantage d’être léger.
Flottantes, amphibies ou sur pilotis, il y a aujourd’hui de multiples façons de construire des maisons neuves. Quant aux nombreuses maisons habitables déjà construites en zones inondables à risque moyen, il est possible de les sécuriser en faisant faire des travaux de façon à satisfaire aux « prescriptions de techniques constructives particulières ». Notamment en rehaussant les constructions et en consolidant la base des murs susceptibles de se trouver longtemps submergés.